Cuisse de nymphe
Découvrez l’histoire croustillante du nom de couleur le plus coquin de toute la palette: cuisse de nymphe, et sa variante cuisse de nymphe émue. Un doux mélange – à la fois poétique et teinté d’un brin d’ironie – de roses, de femmes, et de sexe…
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Cuisse de nymphe
Cuisse de nymphe - le rosier
Contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, cette appellation – certes plutôt coquine – possède une histoire délicieusement plus subtile qu’elle n’en a l’air…
Cuisse de nymphe désigne en réalité une rose ancienne, apportée en France à la fin du XVIe siècle depuis la Crimée. Il s’agit d’une variété de rosiers blancs (Rosa ×alba) dont les fleurs sont couleur de chair, d'un rose très pâle tirant légèrement sur le mauve. Son feuillage n’est pas en reste, et sa couleur vert-grisâtre fait ressortir la carnation des fleurs.
Cet arbuste porta tout d'abord le nom de Rosier blanc royal. Et un brin moins timorés, les pays anglo-saxons l’appelèrent great maiden's blush, soit le « grand rougissement virginal ».
Cuisse de nymphe - la couleur
Par la suite, la teinte de ce rosier donna naissance à une véritable couleur: un incarnat rose pâle avec de nombreuses nuances très incertaines. Et à la fin du XIXe siècle à Paris – alors la capitale de la mode – cette couleur passait pour avoir été en vogue pour les robes des dames un siècle plus tôt…
Toujours à cette même époque, le terme de «nymphe» était fréquemment utilisé dans un tout autre domaine: dans le jargon médical, il décrivait… le sexe féminin! Et plus particulièrement, chacune des petites lèvres.
Il ne fallut alors qu’un pas pour que, par euphémisme, ce terme se retrouve utilisé de manière populaire pour désigner les prostituées.
Cette douce association de «cuisse» et «nymphe», désignant ainsi indirectement le sexe féminin, permit une quantité de jeux de langage appropriés à cette couleur chair. Ceci contribua à sa pérennité, à la différence d'autres noms de coloris tombés dans l'oubli…
Cuisse de nymphe émue
Un rose délicat
Cuisse de nymphe émue - le rosier
Cuisse de nymphe émue est une autre variété ancienne de rosiers, sélectionnée par le rosiériste français Jean-Pierre Vibert.
Elle est issue d’une variation du rosier Cuisse de nymphe, dont elle se distingue surtout par la teinte de la fleur d’un rose un peu plus soutenu.
C’est un petit arbuste, buisson vigoureux d’environ 1,50 mètres de haut, dont la fleur a une corolle aux pétales innombrables. Ceux-ci sont d’un rose carné assez soutenu au centre, et pâlissent sur les bords.
Cuisse de nymphe émue - la couleur
Les frères Goncourt attribuent au modiste Beaulard l'invention, vers 1775, du nom de la nuance Cuisse de nymphe émue, parmi une quantité d'autres noms évocateurs. Plus tard, en 1923, la Revue hebdomadaire explique que le ton Cuisse de nymphe émue est un cliché populaire destiné à évoquer « un rose délicat ».
Théorie des couleurs, cercle chromatique, symbolique, etc. Arrêtez de tâtonner au hasard: apprenez à maîtriser les couleurs!
Le nom de couleur «Cuisse de nymphe émue» fait ainsi partie de la longue liste des couleurs de fantaisie d'usage plus ou moins fugitif au XVIIIe siècle. Si le nom a traversé l’histoire, la nuance exacte a quant à elle malheureusement disparu avec le temps. Mais il est possible de se faire une idée approximative de ce qu’elle avait dû être.
Parmi ces nuances de couleurs de fantaisie qui traversèrent l’histoire, on peut également ajouter les nuances « Cuisse de nymphe effrayée » ou encore, dotée d’un délicieux soupçon d’ironie: « Cuisse de nymphe à peine émue »…
…le saviez-vous?
florian
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